Gilles Deleuze : C’est une machine industrielle de découpe pour tissus avec une lame verticale. L’employé dépose plusieurs épaisseurs de tissus. C’est ce que l’on appelle le matelassage. Ensuite, il découpe les tissus superposés avec cet outil de découpe portatif. La société à qui nous l’avons achetée a fait une formation à la livraison du matériel pour les ouvriers de l’atelier embauchés en CDI. Malheureusement, trop souvent, nos intérimaires, qui n’ont pas pu suivre cette formation, l’utilisent sans en connaître le fonctionnement et ne respectent pas les consignes d’utilisation. L’an dernier, un de nos ouvriers en CDI a tout de même eu une légère blessure à la main avec cette machine. Il existe des gants de protection, mais quand je leur ai parlé de cette possibilité, ils ont tout de suite refusé.
Vous : Y a-t-il eu des accidents avec d’autres machines depuis trois ans ?
Gilles Deleuze : Heureusement, pour l’instant, nous n’avons pas à déplorer d’accidents avec les machines à coudre, qui peuvent, tout de même, occasionner des piqûres du doigt entraînant un arrêt de travail… Je déplore aussi que certaines procédures de travail ne soient pas assez connues et donc respectées.
Vous : Pouvez-vous me donner un exemple concret de procédure à suivre ?
Gilles Deleuze : Oui, par exemple, chaque couturier doit, toutes les deux heures, récupérer les tissus coupés, tombés à terre et les déposer dans un container prévu à cet effet. Presque personne ne le fait… et des morceaux de tissu jonchent presque toute la journée le sol, ce qui peut occasionner des chutes.
Vous : Où les tissus sont-ils stockés ?
Gilles Deleuze : Les rouleaux de tissu sont stockés sur des étagères sans garde-corps et peuvent facilement tomber. En général, chaque matin, je récupère les tissus, stockés en hauteur, qui seront transformés le jour même. S’il en manque au cours de la journée, les salariés le font eux-mêmes. Cela arrive en moyenne une fois par semaine.
Vous : Je remarque qu’il y a beaucoup de bruit…
Gilles Deleuze : Oui, les machines sont bruyantes, même si elles ne dépassent pas les seuils autorisés. Cet environnement de travail fatigue nerveusement les employés et certains parlent vraiment très fort pour communiquer.
Vous : Qu’en est-il de l’ambiance thermique ?
Gilles Deleuze : L’hiver, nous sommes bien chauffés, mais l’été, la température oscille entre 24 et 26 °C. Nous sommes le dernier atelier à ne pas être climatisé ! Dans l’atelier Riesel, le plus proche du nôtre, il fait en moyenne 19 °C en juillet. Même leur salle de pause est climatisée !
Risques liés aux… | Explications | Exemples | Mesures de prévention |
Nuisances thermiques | Les
ambiances froides ont des effets néfastes sur la santé (lésions
cutanées, TMS) et augmentent le risque d’accidents du travail par
glissade. Les fortes chaleurs peuvent occasionner de la fatigue, des malaises, de la déshydratation. | – Travail à l’extérieur au froid ou en plein soleil – Travail à proximité de sources de chaleur : four – Travail dans des chambres froides | – Porter des équipements de protection individuelle (EPI) – Prévoir des pauses – Équiper les locaux de chauffages et de climatiseurs – Mettre en place des horaires aménagés – Prévoir des boissons |
Nuisances sonores | Le bruit excessif nuit à la santé du salarié entrainant des effets physiologiques (perte d’audition, augmentation du rythme cardiaque) et/ou psychologiques (stress, fatigue) indésirables. | – Bruits résultant de machines, d’outils, de téléphones, de signaux sonores – Bruits provenant de machines, d’outils travaillant par choc comme un marteau-piqueur | – Éliminer ou réduire la source sonore – Isoler si possible les machines dans un local insonorisé – Aménager des protections des machines : caissons – Porter des équipements de protection individuelle : casques, bouchons d’oreilles |
Effondrements et chutes d’objets | Les effondrements de matériaux, la chute d’objets stockés en hauteur peuvent occasionner des blessures. | – Effondrements d’étagères, de gondoles – Chutes d’objets stockés en vrac, en hauteur | – Réduire les hauteurs de stockage – S’assurer que les étagères, les gondoles sont bien fixées au mur – Maintenir les sols en bon état – Installer des gardes corps sur les étagères – Organiser le stockage : procédures, affiches explicatives |
Équipements de travail | Les outils, les machines utilisées peuvent provoquer des accidents du travail. | – Coupure, perforation, écrasement – Maladies liées à la pollution – Postures contraignantes | – Mettre en place des procédures d’utilisation – Former les salariés – Utiliser des équipements de protection individuelle – Adopter des postures et des gestes adaptés – Faire |
Annexe 6 Tableau d’évaluation des risques professionnels dans l’atelier Vermeer
Situation de travail / Danger | Salarié concerné | Dommage, préjudice | Indice de gravité | Indice de probabilité | Risque global | Mesures de prévention |
Déplacement de chariots (avec les tissus ou les vêtements finis) dans l’entrepôt | Couturier | TMS* | 10 | 3 | 30 | – Adopter des postures et des gestes adaptés. – Respecter les procédures. – Équiper les contenants de poignées afin de faciliter leur prise en charge. |
Changement fréquent des équipes de travail | Couturier et chef d’atelier | Stress, fatigue | 10 | 4 | 40 | – Anticiper les changements et les communiquer aux salariés. – Former les intérimaires. |
Tissus entreposés en hauteur sur des étagères | Couturier | |||||
Tissus entreposés en hauteur sur des étagères | Chef d’atelier | |||||
L’employeur doit élaborer et tenir à jour, souvent avec la participation du gestionnaire, un document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP) qui recense l’ensemble des risques pour la santé et la sécurité du personnel dans l’entreprise. Le DUERP doit être actualisé au moins une fois par an.
Le DUERP est obligatoire dans toute entreprise employant au moins un salarié. Sa non-tenue est sanctionnée par une amende maximale de 1 500 € par unité de travail.
Il n’existe pas de DUERP type car ce document est propre à chaque entreprise afin d’être adapté à son activité. Sa création suit généralement cinq étapes :
1. Définir les unités de travail | L’entreprise identifie les différentes unités et y affecte les salariés. |
2. Analyser les unités de travail | Il s’agit de lister et d’analyser les accidents du travail et maladies professionnelles, et d’identifier l’ensemble des dangers attachés à une unité (même en l’absence d’accidents du travail). |
3. Déterminer la cotation des dangers | Les indices de probabilité et de gravité de chaque danger sont évalués, permettant d’obtenir le risque global associé à chaque danger. |
4. Évaluer les dangers par unité de travail | En croisant les dangers présents et les salariés affectés à chaque unité de travail, on détermine le risque global de chaque unité. |
5. Déterminer les mesures de prévention | Pour chaque risque, les mesures de prévention adéquates sont indiquées. |
Le DUERP comporte un inventaire des risques identifiés dans chaque unité de travail et des propositions d’action à mettre en place.
Exemple : unité de travail = peinture chez un carrossier
Situation de travail / danger | Salariés | Préjudice / dommage | Indice de gravité | Indice de probabilité | Risque global | Mesures de prévention |
Utilisation de peintures | Antonin Clara |
Brûlures de la peau | 10 | 4 | 40 | EPI (tenue de travail) + Affichage |
Maladies pulmonaires | 1 000 | 4 | 4 000 | EPI (masque) + Affichage Examen médical tous les ans + Rappel dans le règlement intérieur |
||
Risque global du poste | 4 040 |
Le DUERP peut être consulté par les salariés, les membres du comité social et économique ainsi que les acteurs de la santé et de la sécurité au travail.
Un avis indiquant les modalités d’accès des travailleurs au DUERP est affiché à une place convenable et aisément accessible sur les lieux de travail.